Le poids du système bancaire est important en Île-de-France. Les banques françaises revoient leurs stratégies immobilières et bougent en périphérie. Mais la finance internationale et la Fintech privilégient Paris intramuros.
Les banques françaises s’implantent en première couronne
Les grandes banques françaises avaient pignon sur les belles adresses de la capitale au 19e siècle, sur les Champs Elysées, boulevard Haussmann… Il s’agissait de montrer sa richesse et sa puissance avec de somptueux bâtiments tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Mais dans les années 70, elles commencent à se disséminer en périphérie tout en gardant pour certaines une « adresse » en plein cœur de Paris. C’est la Société Générale qui donna le coup d’envoi en allant investir une tour à La Défense. D’autres pôles géographiques ont suivi : Pantin et Montreuil pour BNP Paribas, Montrouge pour le Crédit Agricole, plusieurs communes du Val de Marne pour le groupe BPCE. Depuis trois ans, le mouvement s’amplifie, les banques pouvant ainsi améliorer les espaces de travail tout en maîtrisant les coûts immobiliers, les loyers en première couronne étant bien inférieurs à ceux des quartiers d’affaires parisiens. A titre d’exemple, le Crédit Agricole vient de louer 28 000 m² dans « L’Académie » à Montrouge. Selon l’étude Knight Frank, d’ici 2021, cet établissement financier occupera près de 200 000 m² sur Montrouge contre 50 000 m² en 2010.
La finance internationale toujours arrimée au QCA
Contrairement aux banques françaises traditionnelles qui apprivoisent la banlieue, la finance internationale (banques d’affaires et d’investissement, gérants d’actifs, courtiers…) demeure très attachée au Quartier Central des Affaires. La nécessité de recevoir leurs clients dans une adresse prestigieuse de la capitale, d’aménager dans des bureaux moins importants mais avec de grandes pièces de réception, de recruter les meilleurs talents, de leur offrir des bureaux soignés en plein cœur de Paris pour éviter un long trajet travail-domicile… se traduit par un attachement quasi exclusif au marché des bureaux dans le QCA. L’exemple le plus récent est celui de Lazard Frères qui va s’installer, en 2020, sur 10 000 m² au 173 boulevard Haussmann (8e), non loin de son implantation actuelle au 121 du même boulevard.
Dès l’annonce du Brexit, Bank of America a loué près de 10 000 m² au 49-51 rue La Boétie (8e) pour y installer son hub de trading post-Brexit.
La Fintech privilégie le centre de Paris
Contraction de financial technology, la Fintech désigne les entreprises qui fournissent des services financiers grâce à des solutions innovantes. Elles sont apparues après la crise économie et financière de 2008 pour repenser le modèle de la finance. Leur développement s’est fait majoritairement en région parisienne qui héberge près de 80 % d’entre elles et au sein de l’Île-de-France, elles plébiscitent largement la capitale et ses quartiers centraux. Trois arrondissements concentrent à eux seuls 48 % des Fintech parisiennes : le 2e, cœur historique de l’écosystème des start-up, les 8e et 9e, pôles tertiaires de la région francilienne. D’autres polarités émergent, liées à la présence d’incubateurs comme la « Station F » dans le 13e inaugurée en 2017. Le plus souvent, ces entreprises multiplient les locations de courte durée et les sous-locations de surfaces de moins de 500 m² le plus souvent. Elles sont aussi consommatrices d’espaces de coworking qui répond à la flexibilité dont elles ont besoin.
David Bourla, directeur Etudes et Recherche chez Knight Frank
« La pénurie de bureaux disponibles dans ces quartiers et le montant des loyers pourraient contraindre les Fintech à se reporter sur d’autres secteurs, moins onéreux et faciles d’accès. Ce qui est sûr, c’est que l’immobilier est plus que jamais un sujet stratégique pour les entreprises qui en dépendent pour se développer et recruter les meilleurs profils ».
Pouvez-vous nous préciser pourquoi ? (facultatif)