Alors que les commerces de centre-ville souffrent de la concurrence des grandes zones commerciales, les maires des villes moyennes se sont réunis pour faire un état des lieux et trouver des solutions pour redynamiser les cœurs de ville. Le point sur les actions menées et sur les projets.
Les commerces de centre-ville, essentiels pour l’image des communes
Sous la pression des zones commerciales situées en périphérie, de l'inflation et du e-commerce, les maires de villes moyennes, réunis il y a quelques semaines à Sélestat, en Alsace, sont à la recherche d’astuces pour maintenir leurs commerces de centre-ville. À Dole, ville de 24 000 habitants située dans le Jura, la vacance commerciale en centre-ville est passée de 20 % à 6 % en seulement 10 ans, se félicite le maire LR, Jean-Baptiste Gagnoux. « C'est l'image qu'on renvoie de notre ville », affirme-t-il à l'AFP (Agence France Presse) pour souligner l'importance de cette tendance. « Quand vous visitez une ville, vous allez au centre parce que c'est là que ça se passe. Si vous trouvez une ville complètement dégradée, avec un commerce sur deux qui est fermé, vous allez renvoyer une image d'une ville en perte de vitesse », affirme l'élu. Dans la sous-préfecture du Jura, une initiative « Coeur de ville » a précédé les programmes « Action coeur de ville » (ACV) – lancé en 2028 – et « Petites villes de demain », son équivalent pour les petites communes. Dole a notamment créé une société publique pour racheter et réhabiliter les commerces vacants, en même temps qu'elle a donné « un coup de neuf » au centre, en changeant l'éclairage public ou en ravalant les façades, par exemple.
En 2018, l’État a lancé le dispositif « Action Cœur de Ville » pour redynamiser l’activité commerciale dans les centres des villes moyennes.
L’importance de réhabiliter les cœurs de ville
Le programme « Action Coeur de ville », dont l’objectif est de réhabiliter le bâti des centres-villes, a eu des effets largement bénéfiques, comme en ont témoigné experts et élus lors du congrès de Sélestat. « La meilleure façon d'aider les commerçants, c'est de dynamiser nos cœurs de ville, c'est d'y créer de l'animation et c'est d'y ramener les habitants », a indiqué Christine Guillemy, maire MoDem de Chaumont, ville de 21 000 habitants située en Haute-Marne. Selon elle, la réhabilitation de logements permet d’avoir des rues « moins dégradées et plus attractives ». L’élue précise toutefois avoir été contrainte de lutter pour maintenir des services publics en centre-ville, ces derniers étant eux-aussi tentés de déménager en périphérie. « J'ai dû me battre fortement pour que le nouvel hôpital de Chaumont reste en coeur de ville », a-t-elle ajouté. Selon la fédération des commerçants Procos, la situation des commerces de centre-ville est en réalité nuancée. Ainsi, le taux de vacance en pied d'immeuble – forme de commerce la plus courante en centre-ville – est proche de celui de l'ensemble des commerces (9,8 % contre 9,7 %). Son évolution (+0,6 point) est également proche de la moyenne (+0,5). Pour résumer, si les chiffres moins bons que dans les zones commerciales (6,6 %), ils sont meilleurs que dans les centres commerciaux (14,9 %).
Des maires « impuissants » face aux zones commerciales ?
Les maires des villes moyennes veulent soutenir les commerces des centres-villes, mais ces derniers font face à la rude concurrence des zones commerciales situées en périphérie. Si elles sont des plus en plus décriées pour leur impact esthétique, écologique et économique, ces zones commerciales qui se multiplient restent une épine dans le pied des élus. Ils affirment en effet ne pas disposer pas des outils juridiques permettant de limiter leur expansion. « Au début, quand on était propriétaires, on a vendu les premières parcelles, on maîtrisait à qui on les vendait. Maintenant, c'est du second marché, on ne maîtrise plus rien du tout », déplore Frédéric Chéreau, maire PS de Douai, ville de 40 000 habitants située dans le Nord. Or, « on ne peut pas penser des centres-villes, sans penser la périphérie avec », précise l’élu, qui compare les grands espaces commerciaux à des « boîtes à chaussures », en raison de leur forme. Pour redonner un « coup de boost » aux commerces de centre-ville, les élues et élus misent également sur l’accompagnement des commerçants aux nouvelles façons de consommer. E-commerce, horaires d'ouverture... Alors que les modes de consommation évoluent, « il faut que les centres-villes et les commerces s'adaptent à cette évolution », a tranché Dominique Consille, directrice des programmes « Action coeur de ville » (ACV) et « Petites villes de demain ».
Selon le 9e baromètre du centre-ville et des commerces, 70 % des habitants vivant dans les 244 villes du programme ACV se disent attachés à leur centre-ville.
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